L'organisation d'un grand spectacle sportif est liée à la volonté de valoriser un pays, une société. C'est aussi prendre le risque d'attirer l'attention sur des aspects que l'on souhaitait oublier ou occulter, s'exposer aux polémiques voire déchaîner des passions. Cet exemple montre aussi à quel point il est difficile de contrôler la communication dans un contexte qui se prête à toutes les ambigüités...
"Alors que la police polonaise craint des débordements entre supporteurs avant le match entre la Pologne et la Russie, mardi 12 juin, et que le ministère de l'intérieur considère l'événement comme "le plus grand défi pour les services d'ordre dans la capitale", des propos du maire-adjoint de Gdansk à propos des habitants de sa ville ont créé la polémique.
Dans une émission de radio, Andrzej Bojanowski a qualifié les habitants de sa ville, une des quatre villes où se déroule l'Euro en Pologne, de "gens normaux, blancs et civilisés", les félicitant de leur comportement "vis-à-vis de nos invités qui, par conséquent, se sont aussi comportés comme des gens blancs normaux".
M. Bojanowski, 40 ans, a ensuite présenté ses excuses dans les colonnes de l'édition locale du quotidien Gazeta Wyborcza, évoquant "une formule maladroite". "J'ai voulu simplement remercier les habitants et les invités, quelle que soit la couleur de leur peau", a-t-il assuré.
Lien de cause à effet ? Le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est insurgé mardi contre les accusations de racisme formulées parfois à l'égard de la Pologne lors de l'Euro-2012. "Soyons francs, des attitudes racistes ou antisémites parmi les hooligans polonais sont un fait. Mais je proteste fermement quand on stigmatise la Pologne comme un pays où ces phénomènes négatifs iraient en s'amplifiant", a déclaré M. Tusk à la presse. Selon lui, la Pologne est en Europe un pays où ces phénomènes sont "beaucoup moins présents que dans beaucoup d'autres pays, y compris les pays les plus développés".
"Ce n'est pas en Pologne qu'on met le feu aux maisons où vivent des immigrés ! Ce n'est pas en Pologne où les centres pour immigrés sont assiégés par des néo-nazis et où on tire sur les élèves d'écoles juives !", a-t-il insisté, en faisant référence à des événements récents dans différents pays d'Europe occidentale. La question du racisme est présente depuis le début de l'Euro, avec les "cris de singe" adressés mercredi dernier aux joueurs de couleur des Pays-Bas à Cracovie (sud) lors d'un entraînement."
Le Monde, 12 juin 2012
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