lundi 30 juillet 2012

les métamorphoses du sport spectacle, l'introduction de la synthèse, version préparée


 Le titre du dossier implique de prendre en compte sa chronologie.

 Il faut aussi mettre en avant :

- sa dimension problématique (implicite et explicite)
- les notions du thème qui sont présentes dans ce dossier, ou du moins un premier aperçu,
- les points de vue des auteurs, rapidement caractérisés,
- la variété des sources et leur intégration dans une réflexion globale,

et enfin annoncer le plan, ici, en trois parties.
 

Depuis ses origines antiques, le sport s'incarne dans de vastes rassemblements festifs, marqués par des rituels et des cérémonies qui fédèrent non seulement des pratiquants mais aussi et peut-être surtout un vaste public. Après avoir connu une longue éclipse, ce phénomène n'a pu que s'accentuer
dans notre société de l'image et de la communication ; ce dossier nous montre ainsi « les métamorphoses du sport-spectacle », à travers le cas particulier du football, dont l'historienne Marion Fontaine retrace l'évolution depuis presque un siècle. J. B interrogé par le Monde.fr analyse et critique le rôle ambigu des technologies de la représentation dans les « dérives «  du spectacle, au moment où les nouveaux médias et leur publicité rivalisent d'imagination pour mimer et valoriser les supporters traditionnels. Enfin un éditorial très optimiste du magazine L'Express publié entre le championnat d'Europe de football et les Jeux olympiques de 2004 fait l'apologie des valeurs fondamentales du sport. A travers les métamorphoses du sport-spectacle, les valeurs du sport sont-elles valorisées ou corrompues ? Dans quelle mesure peut-on dépasser cette opposition manichéenne ?
Après avoir précisé l'importance, voire l'omniprésence du sport-spectacle (1),
nous montrerons que les facteurs de ses métamorphoses (2) sont aussi à l'oeuvre dans l'ensemble de la société,
puis nous ferons le point sur les réactions et les discours contrastés (3)  que ce « fait social total » suscite.

jeudi 26 juillet 2012

la synthèse du 2eme BTS blanc ("les métamorphoses du sport spectacle"), un exemple d'introduction


Depuis ses origines antiques, le sport s'incarne dans de vastes rassemblements festifs, marqués par des rituels et des cérémonies qui fédèrent non seulement des pratiquants mais aussi et peut-être surtout un vaste public. Après avoir connu une longue éclipse, ce phénomène n'a pu que s'accentuer dans notre société de l'image et de la communication ; ce dossier nous montre ainsi « les métamorphoses du sport-spectacle », à travers le cas particulier du football, dont l'historienne Marion Fontaine retrace l'évolution depuis presque un siècle. J. B interrogé par le Monde.fr analyse et critique le rôle ambigu des technologies de la représentation dans les « dérives «  du spectacle, au moment où les nouveaux médias et leur publicité rivalisent d'imagination pour mimer et valoriser les supporters traditionnels. Enfin un éditorial très optimiste du magazine L'Express publié entre le championnat d'Europe de football et les Jeux olympiques de 2004 fait l'apologie des valeurs fondamentales du sport. A travers les métamorphoses du sport-spectacle, les valeurs du sport sont-elles valorisées ou corrompues ? Dans quelle mesure peut-on dépasser cette opposition manichéenne ?
Après avoir précisé l'importance, voire l'omniprésence du sport-spectacle,
nous montrerons que les facteurs de ses métamorphoses sont aussi à l'oeuvre dans l'ensemble de la société,
puis nous ferons le point sur les réactions et les discours contrastés que ce « fait social total » suscite.

mercredi 25 juillet 2012

les JO : des anecdotes révélatrices ?


"La spécialiste grecque du triple saut Voula Papachristou a été exclue mercredi par son comité olympique des Jeux de Londres qui s'ouvrent vendredi, en raison d'un propos raciste tenu sur internet.
"La triple sauteuse Paraskevi (Voula) Papachristou a été exclue de l'équipe grecque pour les jeux Olympiques en raison de commentaires contraires aux valeurs et aux idéaux du mouvement olympique", a indiqué le Comité olympique grec dans un communiqué.
Plus tôt mercredi, l'athlète de 23 ans avait écrit sur sa messagerie Twitter qu'"avec autant d'Africains en Grèce, au moins les moustiques du Nil occidental mangeront de la nourriture maison." Elle a ensuite effacé ses mots après avoir reçu de nombreuses critiques et a publié un communiqué où elle a dit regretter ses propos.
"Je demande pardon à tous mes amis et mes coéquipiers si je les ai mis dans l'embarras. (...) Les Jeux étaient mon rêve", a-t-elle déclaré" (Le Monde, 24 juillet 2012)

samedi 21 juillet 2012

la synthèse du 2ème BTS blanc : les grandes lignes d'un plan


I. la présence et l’importance (la prégnance) du sport spectacle

a) l’organisation
b) les rituels
c) un secteur économique

II. les facteurs à l’origine de ses métamorphoses

a) la demande de dramatisation
b) le besoin d’identification
c) la mondialisation et la marchandisation des loisirs

III . des discours critiques contrastés

a) la critique des dérives
b) une valorisation des vertus du sport
c) le statut ambigu du "miroir de la société"

les JO : des anecdotes révélatrices ?


  • "Les hommes en classe affaires, les femmes en éco"
Les responsables du basket-ball australien ont fait amende honorable après avoir été vivement critiqués pour avoir placé l'équipe de basket masculine en classe affaires alors que l'équipe féminine voyageait en économique, lors du vol vers Londres. Un incident semblable s'était déroulé en début de semaine au Japon, où l'équipe féminine de football, parmi les favorites pour la médaille d'or, a voyagé en économique alors que leurs collègues masculins, dans le même avion, étaient en classe affaires (LE MONDE, 21 / 7 / 2012)."

mardi 10 juillet 2012

les métamorphoses... l'analyse / l'exploitation de l'éditorial


les acteurs / les formes
les facteurs
les discours
 
L'Express du 12/07/2004
Victoire grecque

Euro, JO... Malgré l'argent, le dopage et les sponsors, le sport conserve cette vertu rare qui fait son attrait : l'incertitude

Euro 2004, Tour de France, Jeux olympiques d'Athènes, la planète se transforme, pour quelques semaines, en un immense Barnum (-). Il n'est pas, aujourd'hui, d'entreprise humaine plus mondialisée (MONDIALISATION) que le sport. Spectacle accessible à tous, des plus riches aux plus pauvres (DEMOCRATISATION), grâce à ce nouveau café du commerce qu'est la télévision, grand-messe des émotions dont la liturgie est internationale, instrument idéal de l'instantanéité de l'information, machine à fabriquer des vedettes dont la popularité est sans frontières, il s'installe au centre de notre vie quotidienne, de nos conversations et en devient l'une des composantes structurantes. Un ordre du sport est en train de naître, en phase avec le développement de la société du loisir, mais aussi pour répondre au désenchantement du monde et y combler les déficits de sacré et de religiosité (+) (1).

Pour autant, contrairement à une idée reçue, il ne se substitue en rien à la guerre: son émergence comme phénomène de masse s'est produite tout au long du xxe siècle, alors que les hommes inventaient les plus effroyables massacres. Cette expansion continue du sport repose sur des mécanismes que l'on a parfaitement vus à l'œuvre dans l'Euro 2004. Le succès de la Grèce, dont l'équipe ne comprenait aucun joueur coté au mercato, ce «marché aux bestiaux (-) des joueurs de foot», démontre qu'aucune hiérarchie n'est définitivement établie. Chacun a sa chance. Le sport, comme l'écrit le sociologue Paul Yonnet, est le «spectacle de la rivalité, et donc de l'égalité organisée». Il produit aussi des héros (DRAMATISATION) dans un monde qui en consomme beaucoup et à toute vitesse. Il constitue donc un facteur très puissant d'IDENTIFICATION. Il encourage, certes, les explosions nationalistes, mais il dégonfle ces bulles en même temps qu'il les fabrique (CATHARSIS ?): le spectacle offert entretient l'intérêt au-delà des réflexes cocardiers - le jeu triomphe des passions patriotiques - et la performance devient plus importante que la couleur du maillot.

Ses effets de surprise contribuent, enfin, à le régénérer en permanence. La victoire grecque, quels que soient les débats techniques sur le style de cette équipe, fait passer un vent de fraîcheur sur un monde du ballon rond que l'on croyait dévoré par l'argent. Face à des stars surdouées obsédées par leur carrière, l'esprit d'équipe, une farouche volonté, la solidarité et l'abnégation peuvent l'emporter. Les fameux Galactiques du Real Madrid, cette formation constituée des plus grands talents du football mondial, en ont fait, eux aussi, l'amère expérience, cette année, en perdant le championnat d'Espagne. Malgré l'argent, le dopage et les sponsors, le sport conserve cette vertu rare qui fait son attrait et son esthétique: l'incertitude. Les Jeux olympiques qui vont se dérouler à Athènes au mois d'août en apporteront, n'en doutons pas, une nouvelle preuve.

(1) Sur ce sujet, lire impérativement le remarquable ouvrage de Paul Yonnet Huit Leçons sur le sport, publié en mars 2004 par les éditions Gallimard.

les métamorphoses du sport spectacle, analyse a priori du sujet

LES METAMORPHOSES DU SPORT SPECTACLE

questions a priori :
> la dimension spectaculaire du sport, au détriment de sa pratique ?
> une évolution de ses formes ? de ses fonctions ?
> quels facteurs sont à l'origine de ces métamorphoses ?
> quelles conséquences, répercussions sur les valeurs du sport ?

Vous rédigerez une synthèse concise, objective et ordonnée de ces documents.

> ordonnée = un plan qui tienne compte le plus systématiquement possible de tous les documents et points de vue du dossier dans chacune des parties, voire chacun des paragraphes


> le dossier recomposé, pour une meilleure analyse :


d'abord


- Marion Fontaine, Histoire du foot-spectacle, La vie des Idées, 2010.
- Editorial de l'Express, Victoire grecque, 2004.

annoncent des textes argumentatifs



puis


- "OM-PSG, le symbole d'une dérive télévisuelle", Jacques Blociszewski, Le Monde.fr, 2011.
1 >un cas particulier, un cas pratique, dont l'auteur tire
2 > des leçons générales et
3 > un discours critique


enfin 
les deux documents iconographiques, publicités récentes pour de nouveaux médias :


- L'Equipe United, publicité, 2012.
- "Les jours de grand vent, on nous entend dans toute la Bretagne", publicité / Orange, 2012.



on peut dégager 3 axes de lecture et d'analyse (3 colonnes pour le tableau synoptique) :

- les acteurs du sport spectacle, son organisation, ses rituels
- les facteurs qui expliquent sa dimension de plus en plus spectaculaire / médiatisée
- les discours plus ou moins critiques sur les valeurs du sport




ESSAI (10 points)


Le sport peut-il être autre chose qu'un spectacle ?

oui... il est, ou il doit, pour certains, être autre chose qu'un spectacle.
une question qui prend le contrepied de la synthèse, en incitant à valoriser la pratique active du sport, plutôt que sa mise en scène et sa contemplation passive.... 
mais faut-il pour autant rejeter la dimension spectaculaire du sport ? Au nom de quelles valeurs ? Et le sport peut-il se passer de mise en scène ?


ces questions impliquent un plan dialectique (thèse/antithèse/synthèse)

samedi 7 juillet 2012

les métamorphoses du sport spectacle, 4


doc. 2 

OM-PSG, le symbole d'une dérive télévisuelle
LEMONDE.FR | 27.11.11 

Le Monde.fr : A quoi pourra-t-on remarquer le style Canal+ lors de la retransmission d'OM-PSG ce soir ?

Jacques Blociszewski : Canal+ montre de plus en plus le football comme un sport individuel. Avec les stars présentes ce soir, cela devrait être remarquable. Par exemple, samedi, le reportage du jour au sujet d'OM-PSG, était le duel entre Diarra et Pastore. Pendant le match, cela s'évalue en nombre de zooms sur les visages, de caméras isolées sur les joueurs seuls balle au pied, moins de plans larges et un nombre de ralentis impressionnant : autour de 130 par retransmissions avec Laurent Lachand à la réalisation. Dans les années 80, le chiffre se situait autour de 30. La dimension collective du football est en train de disparaître à la télévision.

Quel rôle a joué Canal + dans l'évolution des retransmissions de football depuis quelques décennies ?

Ils ont participé à une dérive. Autrefois innovante grâce à un arsenal technique permettant de ne rien rater, aujourd'hui la technologie handicape les retransmissions. On passe son temps à revenir en arrière pendant un match "grâce" au révélateur du hors-jeu ou aux ralentis à la loupe qui n'ont plus grand chose à voir avec la réalité du terrain. Plus un match est haché, moins on le comprend. On ne voit plus le jeu sans ballon notamment. Quand un joueur fait une remise en touche, alors qu'autour de lui ses coéquipiers essayent de se démarquer, le mode dominant est de filmer son visage cherchant un joueur : c'est inutile !

La technologie encourage-t-elle les polémiques sur l'arbitrage ?

Plus il y a de ralentis, plus les commentateurs sont occupés à rejuger les décisions de l'arbitre, plus la place des polémiques arbitrales dans le traitement journalistique d'un match prend de l'ampleur. Quand bien même la télévision ne détient pas la vérité sur les "erreurs" d'arbitrage. On est entré dans un système, plus seulement de spectacle, mais de vérification. Didier Deschamps en vient à devoir masquer sa bouche quand il parle avec son adjoint...

Le match OM-PSG est-il un bon exemple de cette évolution ?

Canal+, pour qui c'est un événement important dans sa grille, est obligé de donner des informations nouvelles, d'entretenir un buzz médiatique autour du match et in fine de créer de la nouveauté. La télévision reflète les polémiques quand elles existent ou les amplifient le cas échéant, où le ressort du people est devenu essentiel. Ainsi a-t-on vu ce qu'on appelle désormais des "clashs" largement mis en avant cette semaine, d'un côté entre Bodmer et Néné, de l'autre entre Deschamps et Gignac. L'événement OM-PSG est un bon exemple du fonctionnement global des médias. Un événement qui l'est de moins en moins depuis quelques années, depuis que les clubs ne sont plus aussi hauts au classement, que les présidents prennent moins de place, que les joueurs passent d'un club à l'autre...

Cela me fait penser aux "pseudo-événéments" de Daniel Boorstin où la reproduction et la simulation d'un événement est perçue comme "plus réelle" que l'événement lui-même. Le match OM-PSG existe bel et bien, mais c'est son environnement, ce qui dure pendant les semaines préalables et suivantes, qui devient important. Le match en lui-même est noyé dans le calendrier, maintenant qu'on est submergé de football télévisé. Il faut donc entretenir l'envie du téléspectateur.

D'autant plus avec les sommes mises en jeu depuis quelques années....

Avec les contrats d'exclusivité, Canal+ achète cher une compétition, il faut pouvoir y trouver financièrement son compte. C'est normal. Mais on peut s'interroger sur les différentes façons de rentabiliser un produit. Qu'on y accolle le terme " clasico" par exemple est plutôt amusant, qu'on fasse six émissions spéciales OM-PSG depuis mercredi, est un peu plus lassant.

Canal+ est devenu la mémoire du football, si l'on se souvient d'un OM-PSG en particulier, c'est par la façon qu'a la chaîne de l'avoir retransmis à l'époque, n'est-ce pas ?

On voit le football à travers la télévision aujourd'hui. Bien sûr, un certain nombre de gens vont au stade, mais la part se réduit. Pour indication, pour la Coupe du monde en Allemagne, pour 1 personne au stade, il y avaient 17 000 téléspectateurs. 

A l'étranger, retrouve-t-on ces mêmes modes opératoires ?

En Italie surtout, avec la " moviola ", une manière de décortiquer les décisions arbitrales, autrefois sur la Raï, aujourd'hui présente dans l'émission "Le procès de Biscardi". En Angleterre et en Allemagne, la sobriété est de rigueur. D'ailleurs, les matchs sont parfois commentés par une seule personne, là où la France accumule les consultants, par peur du silence. 

Propos recueillis par Antoine Mairé

les métamorphoses du sport spectacle, 3



L'Express du 12/07/2004
Victoire grecque
Euro, JO... Malgré l'argent, le dopage et les sponsors, le sport conserve cette vertu rare qui fait son attrait : l'incertitude
Euro 2004, Tour de France, Jeux olympiques d'Athènes, la planète se transforme, pour quelques semaines, en un immense Barnum. Il n'est pas, aujourd'hui, d'entreprise humaine plus mondialisée que le sport. Spectacle accessible à tous, des plus riches aux plus pauvres, grâce à ce nouveau café du commerce qu'est la télévision, grand-messe des émotions dont la liturgie est internationale, instrument idéal de l'instantanéité de l'information, machine à fabriquer des vedettes dont la popularité est sans frontières, il s'installe au centre de notre vie quotidienne, de nos conversations et en devient l'une des composantes structurantes. Un ordre du sport est en train de naître, en phase avec le développement de la société du loisir, mais aussi pour répondre au désenchantement du monde et y combler les déficits de sacré et de religiosité (1). 

Pour autant, contrairement à une idée reçue, il ne se substitue en rien à la guerre: son émergence comme phénomène de masse s'est produite tout au long du xxe siècle, alors que les hommes inventaient les plus effroyables massacres. Cette expansion continue du sport repose sur des mécanismes que l'on a parfaitement vus à l'œuvre dans l'Euro 2004. Le succès de la Grèce, dont l'équipe ne comprenait aucun joueur coté au mercato, ce «marché aux bestiaux des joueurs de foot», démontre qu'aucune hiérarchie n'est définitivement établie. Chacun a sa chance. Le sport, comme l'écrit le sociologue Paul Yonnet, est le «spectacle de la rivalité, et donc de l'égalité organisée». Il produit aussi des héros dans un monde qui en consomme beaucoup et à toute vitesse. Il constitue donc un facteur très puissant d'identification. Il encourage, certes, les explosions nationalistes, mais il dégonfle ces bulles en même temps qu'il les fabrique: le spectacle offert entretient l'intérêt au-delà des réflexes cocardiers - le jeu triomphe des passions patriotiques - et la performance devient plus importante que la couleur du maillot. 

Ses effets de surprise contribuent, enfin, à le régénérer en permanence. La victoire grecque, quels que soient les débats techniques sur le style de cette équipe, fait passer un vent de fraîcheur sur un monde du ballon rond que l'on croyait dévoré par l'argent. Face à des stars surdouées obsédées par leur carrière, l'esprit d'équipe, une farouche volonté, la solidarité et l'abnégation peuvent l'emporter. Les fameux Galactiques du Real Madrid, cette formation constituée des plus grands talents du football mondial, en ont fait, eux aussi, l'amère expérience, cette année, en perdant le championnat d'Espagne. Malgré l'argent, le dopage et les sponsors, le sport conserve cette vertu rare qui fait son attrait et son esthétique: l'incertitude. Les Jeux olympiques qui vont se dérouler à Athènes au mois d'août en apporteront, n'en doutons pas, une nouvelle preuve.

(1) Sur ce sujet, lire impérativement le remarquable ouvrage de Paul Yonnet Huit Leçons sur le sport, publié en mars 2004 par les éditions Gallimard.

les métamorphoses du sport spectacle, 2



Histoire du foot-spectacle, par Marion Fontaine [11-06-2010]
la vie des idées.fr

En 1978, la première partie de la finale de la coupe de l’UEFA, qui oppose les clubs de Bastia et Eindhoven, se joue en Corse. Jacques Tati est là pour saisir les images d’un spectacle qui déborde le cadre du stade et envahit l’île (Forza Bastia 78. L’Île en fête). Sa caméra suit les préparatifs des supporteurs, les cris, les pétards et les allers-et-venues alimentant une effervescence qui va crescendo, dans une ville toute bariolée de blanc et bleu, et puis qui s’éteint, une fois le match achevé.  En observant un enthousiasme qui entraîne aussi bien les vieilles femmes en noir que les enfants, qui anime les travées du stade Furiani, aussi bien que les rues et les places, le film de Tati souligne en outre la capacité du spectacle à nourrir et à incarner une communauté imaginée à base territoriale, ici celle de la Corse. C’est cette capacité, et en général cette puissance actuelle du spectacle, qui expliquent l’intérêt que lui portent sociologues, ethnologues et historiens, en lui appliquant les métaphores et les grilles explicatives les plus variées : rituel, opium, récit épique, guerre amusante, théâtre de la démocratie ou encore fait social total.

Il convient pour commencer de se méfier, tout au moins dans le cas français, du miroir grossissant qu’a offert la coupe du Monde de 1998. La victoire en forme d’apothéose du 12 juillet, son caractère d’auto-célébration nationale, les innombrables commentaires qui ont suivi ont constitué en modèle un certain enthousiasme sportif, une certaine approche du spectacle. Mais ce modèle peut aussi exercer en amont un effet déformant. Même après sa démocratisation dans l’entre-deux-guerres, la passion footballistique est restée longtemps intermittente [1], et concurrencée par d’autres spectacles. C’est bien le Tour de France que Roland Barthes décrit comme mythe en 1957 [2] et non sa petite sœur qu’est la Coupe de France. Certes, celle-ci accueille déjà près de 40 000 personnes au stade de Colombes en 1936, mais elles font pâle figure devant les 250 000 spectateurs débordant des 127 000 places officielles du stade de Wembley, lors de la mythique finale de la Cup en 1923.

Ce spectacle des années 1930-1960 valorise le spectateur, au détriment du fan ou du supporteur. C’est celui qui s’implique avec mesure qui est la norme, pas celui qui se passionne avec déraison, le collectif qui se lève, pas les groupes ou les individus qui se déchaînent On peut voir dans cette norme l’effet d’une certaine agoraphobie, de la crainte des nouvelles foules sportives que manifestent longtemps dirigeants du football et médias. Le match est une détente et une sortie à laquelle on assiste en costume du dimanche, parfois en famille, sous la houlette au moins des hommes les plus âgés, qui accompagnent, initient mais aussi surveillent les plus jeunes. Si le spectacle constitue déjà l’occasion d’une mise en scène de soi, cette mise en scène n’est pas la même qu’aujourd’hui et la participation au match s’aligne sur les règles de la culture civile courante.

L’ensemble de ce cadre se disloque à partir des années soixante. La diffusion de la voiture individuelle, la multiplication des loisirs permise par la société de consommation – la télévision en particulier – rendent peu à peu cette situation obsolète. Parallèlement l’effritement des mondes ouvriers et la crise industrielle sapent les fondements d’un certain nombre de clubs. 

Un autre modèle tend de fait à émerger et triomphe à partir des années 1970-1980. Le nouveau spectacle du football offre aux clubs des recettes croissantes, appuyées sur le sponsoring et les droits de retransmission télévisée. Il transforme les clubs en entreprises commerciales. Il accroît la mobilité des joueurs, pour certains bientôt élevés au rang de stars. Sans doute les dirigeants du club de Saint-Etienne sont-ils parmi les premiers à la saisir dans toute son ampleur et à assumer la mutation de leur club en entreprise de spectacle. En 1976, ils lancent ainsi l’ASSE (Association Sportive de Saint-Etienne) Promotions, société chargée d’exploiter commercialement l’image de marque du club. Cette société développe en particulier le « merchandising » et la vente de maillots, gadgets, écharpes, qui participent à la propagation de la « folie verte » sur tout le territoire français.

« L’épopée » des « Verts », qui culmine en 1976 avec la finale de coupe d’Europe jouée à Glasgow contre le Bayern de Munich, témoigne aussi d’un autre changement, côté spectateur cette fois. La télévision joue à cet égard un rôle paradoxal, en distendant les liens entre le public et le club local et en vidant d’abord en partie les stades, en participant ensuite à la coloration, au sens propre, de ces derniers et à leur animation. Les tribunes deviennent, autant que le match, le lieu du spectacle. Plus la télévision montre les signes du soutien à l’équipe, plus les spectateurs, qui sont aussi des téléspectateurs, savent qu’ils sont montrés et plus ils rivalisent d’imagination et de démonstration pour paraître, dans le stade et à la télévision. Tout cela participe à la nouvelle image des stades et contribue à créer un nouveau rapport au spectacle. C’est celui-là même que Jacques Tati observe avec amusement en 1978, quand d’autres l’envisagent, sinon avec inquiétude (le hooliganisme devient dans les années 1970 un problème social), au moins avec quelque perplexité : en 1968, commentant un match qui oppose les « Verts » au Celtic de Glasgow, Léon Zitrone s’indigne presque de l’aspect « d’énergumène » des Écossais et s’étonne de leurs manifestations démonstratives (cris, fumigènes, écharpes), en les opposant à la sagesse et au caractère retenu du public français.

Derrière cette transformation, qui continue à s’amplifier dans les décennies suivantes, se lit un rapport très ambigu au territoire. Les compétitions européennes et mondiales deviennent des événements médiatiques globaux qui visent moins à rassembler physiquement les spectateurs qu’à regrouper la communauté des téléspectateurs. Dans le même temps, les clubs continuent à changer de dimension et leurs équipes sont de moins en moins construites sur une base nationale, a fortiori locale. Cette forme d’extra-territorialité vaut bien sûr pour les joueurs, mais aussi d’une certaine manière pour les supporters. On peut être aujourd’hui supporter de l’OM en habitant très loin de Marseille, sans avoir aucun lien tangible avec la ville, uniquement pour ce que ce club évoque dans l’imaginaire collectif.

Un spectacle déraciné alors, et déterritorialisé ? Voire. Au moment même où se déroule ce processus, jamais la référence au territoire n’a été à ce point prégnante. Le critère de définition du « bon » supporter, du supporter « authentique », comme le disent souvent les « ultras », réside dans cet ancrage revendiqué et résumé souvent par le slogan « Fiers d’être… ». C’est cette revendication qui explique les jeux d’opposition entre supporters, à travers des banderoles affirmant pour les unes les qualités sociales/ morales/ culturelles d’un lieu, stigmatisant au contraire pour les autres ce même lieu (les « prolos » de Saint-Etienne vu par les Lyonnais ou les « sous-développés » de Naples présentés par les Milanais ou les Turinois). La victoire de l’équipe est celle d’un territoire porté aux nues dans les grandes occasions : lorsque le Racing Club de Lens remporte le Championnat de France en 1998, l’événement est ainsi présenté par les supporters et par les médias comme la revanche et la fierté d’une région longtemps stigmatisée.

Un fait social total alors ? Un rituel ? Une catharsis ? De fait, il apparaît comme le catalyseur, parfois le créateur de figures, de pratiques (celles des supporters), de métaphores (l’équipe, le match), de valeurs représentées, discutées à l’échelle de la cité et réinvesties ensuite. En 2007, la dernière élection présidentielle n’a d’ailleurs pas été avare de ce type de réinvestissement, que l’on songe à ces militants mués en supporters ou à ce duel du second tour défini et décrit, par ses acteurs eux-mêmes, comme un match. Il s’agit bien d’une rupture. On peut envisager cette puissance comme le symptôme d’une crise de la démocratie, comme le signe de la difficulté pratique à fonder des identités et des règles de vie commune, comme l’expression de la quête pathétique d’identité des masses modernes. On peut observer que les « communautés d’émotion » que fonde le spectacle ne tissent aucun lien solide, ne réalisent qu’une fusion passagère et n’engagent également aucun avenir [14]. On se souvient que l’identité rêvée d’une France « black-blanc-beur » a trouvé un démenti cinglant dans les émeutes, tout aussi médiatiques, de 2005. . Quel que soit le jugement que l’on peut porter sur cette situation, il serait injuste d’en tenir rigueur au spectacle sportif, ou de l’en glorifier, mais il n’est pas inintéressant d’y réfléchir.


jeudi 5 juillet 2012

le feuilleton Pistorius



"Retenu par la Fédération sud-africaine d'athlétisme pour participer aux Jeux de Londres avec le relais 4x400m et en individuel sur 400m (malgré son dernier échec aux qualifications de Porto Novo au Bénin), Oscar Pistorius goûte son bonheur. Le sprinter équipé de ses prothèses aux jambes a fait part de son bonheur sur son site officiel : « Aujourd'hui (hier) est vraiment le plus beau jour de ma vie. Je suis si heureux que ces années de travail acharné, de détermination et de sacrifice aient été récompensées. J'ai une équipe phénoménale derrière moi qui m'a aidé à parvenir jusque-là, et nous allons mettre tout ce que nous avons dans ces dernières semaines de préparation avant les JO (...). » 

"Blade Runner'" avait déjà pris part aux Mondiaux de Daegu dans ces mêmes disciplines, décrochant l'argent avec ses coéquipiers (sans toutefois courir en finale). A Londres, il croisera certainement le porte-drapeau de la Serbie Novak Djokovic, qui a tenu à le féliciter sur Twitter" (L'Équipe)