thème n° 2 / session 2015
Ces
objets qui nous envahissent : objets cultes, culte des objets
Nous sommes entourés d'objets de
toutes tailles, de toutes origines, de toutes valeurs. Qu'ils aient été
fabriqués artisanalement ou industriellement, leur évidence, leur apparente
nécessité et leur prolifération nous amènent à nous interroger : quels rapports
entretenons-nous avec les objets ?
Matérialité de
l'objet et modes de production
Solides, maniables, pourvus de
caractères propres, les objets sont notre création. Ils sont le résultat d'une
réflexion qui a pu mener du prototype à la série. Ils sont le fruit d'un
travail qui a engagé un choix de forme, un mode d'usinage, un système de
commercialisation donnant à la matière première une valeur ajoutée.
L'industrie produit et rend
accessibles un nombre considérable d'objets. Emblèmes de la société de consommation,
ils posent des problèmes de stockage, de recyclage : que faire des objets
inutiles et désuets, des objets cassés ?
Le développement du numérique
nous libère-t-il de cette invasion ? Jeux, livres, disques tendent à se
dématérialiser. Mais ce phénomène nouveau nous affranchit-il de l'objet ou
accroît-il, au contraire, notre besoin de posséder des objets concrets que nous
prenons plaisir à voir, sentir, toucher ?
Fonctions des objets
La majorité des objets qui nous
entourent ont une destination précise, clairement identifiable. Utiles, ils
étendent le pouvoir de l'homme et facilitent la vie quotidienne ; fruits des
innovations technologiques, ils alimentent aussi le mythe du progrès constant
de l'humanité.
Cependant, les objets ne semblent
pas toujours répondre à un besoin prédéfini. S'agit-il pour autant seulement de
gadgets superflus, auxquels nous serions attachés sous l'influence de
stratégies commerciales ? Ne constate-t-on pas que l'objet crée son usage ou
que les utilisateurs inventent a posteriori des fonctions qui le rendent
indispensable, comme c'est parfois le cas dans le domaine des nouvelles
technologies ?
Les objets peuvent aussi être
détournés de leur destination initiale, matérielle et utilitaire, par tout un
chacun comme par les artistes. Les dimensions esthétique ou ludique occultent
alors la finalité première de l'objet. À quelles fonctions les objets sont-ils
assignables ?
Valeur des objets
La valeur d'un objet ne peut se
réduire à sa fonction ou au besoin qu'il satisfait. D'autres facteurs
interviennent : ergonomie, design, prestige lié à la qualité des matériaux, à
la marque, à la mode, à la dimension esthétique...
Cette valeur n'est pas toujours
mesurable. Elle tient aussi au regard que les individus, à titre personnel ou
collectif, portent sur l'objet, en raison d'un attachement sentimental ou d'une
relation particulière (objets sacrés, patrimoniaux, objets cultes d'une
génération). Une telle valeur fait donc de l'objet bien plus qu'une simple
chose inanimée, posée devant un sujet. Comment l'appréhender ? Dans quels cas
pourra-t-on parler de fétichisme ou de lien irrationnel engendré par nos désirs
et nos frustrations ?
Accumulés tout au long d'une vie,
collectionnés avec passion, entassés avec indifférence, que disent les objets
de ceux qui les possèdent ? De quoi sont-ils les signes ? Et aussi bien, que
dit leur absence ? Est-elle signe de pauvreté, de dépouillement ou de liberté ?