« L’infobésité »,
vrai ou faux problème ?
Synthèse
/ exemple de rédaction
version
sans introduction
Ce dossier nous propose
une définition claire et consensuelle de l’infobésité, ce
néologisme traduit (ou adapté) de l’anglais ‘information
overload’. Elle s’appuie sur les travaux et les explications de
sociologues et experts du monde du travail, comme C. S. R. pour qui
elle représente une « pathologie de la surcharge
informationnelle ».
Par l’emploi de ce
terme péjoratif on entend ainsi dénoncer la « profusion »
d’information de l’ère numérique, alimentée par l’abondance
des moyens de connexion, que ce soit dans le monde de l’entreprise,
sujet de prédilection du magazine L’Expansion et du site
Cadremploi, ou dans la vie quotidienne, du moins celle des
américains étudiés par 3 chercheurs . Cette surcharge
d’informations, difficile à hiérarchiser et à digérer, était
toutefois déjà observée, toutes choses égales par ailleurs, au
tournant des 17eme et 18eme siècle, comme le fait remarquer la
critique littéraire Cynthia Haven.
L’infobésité
contemporaine est liée à la vitesse des communications et au besoin
de réactivité ; C.S.R. insiste sur le « flot continu »
d’information qui submerge les entreprises ; toute prise de
distance semble impossible ; de même, au 18eme siècle, les
différences entre sphère privée et sphère publique semblent
brouillées, créant de vrais scandales.
L’infobésité
apparaît ainsi comme un vrai problème, qualifié de « fléau »
par L’Expansion, de « plaie » par le blogueur X.
de la Porte, de « dictature » par M.R. et E.B., voire de
« tyrannie » par le sociologue D. Wolton , qui
dénoncent des usages professionnels compulsifs, une fascination
maladive de l’accès immédiat, voire des addictions, selon la
formule de T. V . A.S.J. le rejoint sur ce point, citant les
1120 lettres de madame de Sévigné et surtout les rues de Paris
« jonchées » de libelles et de billets. « Nervosité
sociale » d’alors et angoisse contemporaine semblent ainsi se
rejoindre.
Les causes profondes de
cette pathologie sociale sont cependant plus complexes, et en font un
problème difficile à résoudre.
La profusion
d'information répond en effet à une demande et aux contraintes des
organisations : T.V. distingue ainsi le « mail
parapluie », qui protège, et le « mail visibilité »,
source de reconnaissance voire de prestige. Le recul de l'histoire
nous montre que la multiplication des informations est aussi un outil
d'influence puissant dans une société dynamique et plus ouverte.
De plus,
« l'impuissance », voire le « vertige » de
l'infobésité sont dûs à la nature double de ce flux
d'information : nous en sommes à la fois émetteurs et
récepteurs, comme le précise C.S.R. ; bourreaux et victimes,
selon les anecdotes mentionnées par TV. D.E. rappelle bien qu'au
18eme siècle, comme aujourd'hui, il n'est pas nécessaire d'avoir
beaucoup à raconter pour alimenter un « flux » continu
d'information. Les analogies entre les époques suggèrent que
l'infobésité n'est peut-être pas un véritable problème.
Cette notion
stigmatisante a aussi l'avantage de nous alerter sur des dérives de
la communication, sans pour autant céder à une « dramatisation »
excessive.
Quelques acteurs du monde
du travail, tel l'ORSE, relayés par des entreprises comme Edf,
Casino, la Société Générale proposent des chartes et de règles.
Des changements d'organisation permettant de valoriser le face-à-face
sont aussi préconisés. Relevons aussi des initiatives symboliques,
telle la « journée sans mail » de Canon.
Gérer l'infobésité
sans la dramatiser, ce serait aussi une affaire de compétence ,
comme le montre l'étude des chercheurs de la NWU. Le scepticisme
quant à l'autorégulation de nos comportements est cependant partagé
par les auteurs de ce dossier.
Enfin, aujourd'hui comme
au 18eme siècle, il y aurait bien des raisons de se réjouir de
cette profusion d'information et de cette facilité de circulation.
La multiplication des choix suscite une ouverture culturelle et un
nouvel esprit critique, dans l'esprit des Lumières. Les américains
évoqués dans l'article du Figaro sont « plutôt
satisfaits » de cette évolution ; une nouvelle
« conscience de soi », plus spontanée et plus ouverte et
plus citoyenne peut émerger.
Toutes les sources
convergent sur ce point : se poser la question de l'infobésité,
c'est déjà se donner les moyens d'y répondre, afin que le
paradigme de la communication numérique devienne celui d'une
nouvelle conscience collective, plus transparente et plus réflexive.